BLUE HAWAÏ

BLUE Hawaï
Dans le village de mon enfance, la fête foraine s’installait autour du marronnier entre le lavoir et la rivière, bloquant la route principale et les rues attenantes. En l’espace d’une nuit, le paysage se transfigurait. Les camions arrivaient la veille, les forains s’agitaient toute la nuit et le matin, quand je prenais le chemin de la rivière, le choc visuel était saisissant. Des baches de couleurs vives recouvraient les manèges et conféraient encore plus de gravité à la pierre monochrome des maisons du village. Comme soudainement jaillies du sol ou tombées du ciel, ces formes nouvelles envahissaient l’espace et enchevêtraient le paysage.
Le silence était apaisant, l’environnement serein.
Aujourd’hui, à hauteur d’hommes, je revisite ces paysages. Mon rapport d’échelle n’est plus le même, mon champ de vision non plus. Je peux librement faire jouer les équilibres et arranger formes et couleurs. Je souligne, j’allège, mets en raisonnance. J’observe les relations.
Laurent Gueneau,
2018